1. Les débuts (1886 – 1946)

C’est en 1837 à Guillonville (28) dans une famille de paysans beaucerons que naît Désiré Rivierre.

A cette époque sous la monarchie de Juillet, la France est essentiellement un pays rural. La Révolution industrielle qui bat son plein Outre-Manche n’est qu’à ses débuts dans l’Hexagone. N’étant pas l’aîné, il ne peut reprendre l’exploitation familiale et part pour Orléans.

Il est engagé à la société Jules Cumming qui est une des premières grandes fabriques de machines agricoles en France. Fondée en 1845 et basée Place Saint Laurent à Orléans. Elle prospéra sous le Second Empire.  Désiré y gravit tous les échelons et en devient directeur dans les années 1880.

Désiré Rivierre (1837 – 1925)

En 1886, il quitte Cumming et crée sa propre société qu’il installe à côté de sa maison au 25 Rue de Coulmiers. En Beauce voisine la demande de machines agricoles est importante, il se spécialise dans la construction de locomobiles, batteuses et presses à paille. Fort de l’expérience acquise chez Cumming, il sait vite faire croitre son entreprise. Il y associe le nom de famille de sa femme Aline Casalis (1846-1915). Les machines portent donc le nom Rivierre & Casalis. Ce sont des locomobiles, batteuses, moteurs à gaz ou pétrole ou encore des râteaux ou des scies circulaires qui quittent les ateliers de la rue de Coulmiers.

Nommé Chevalier du mérite Agricole en 1894, Officier en 1906 puis Membre du jury des concours Nationaux et des Expositions, il est également membre du conseil municipal d’Orléans entre 1890 et 1911.

Journal agricole (1895)
Batteuse (vers 1900)
Locomobile (1897)

En 1909, Désiré Rivierre âgé de 72 ans souhaite se séparer de son affaire. Aucun de ses dix enfants ne semble intéressé. Il fait appel à un de ses fils Éric (né en 1886 l’année de la création de l’entreprise) pour négocier la vente. Orienté vers une profession libérale après des études de Droit à Paris, Éric rentre à Orléans et s’attache très vite à l’affaire familiale se considèrant ainsi comme le premier serviteur de la maison.

« Je suis entré dans cette maison en 1909 pour aider mon père à la liquider. Nous n’y sommes pas parvenus parce que nous l’aimions trop».

Eric Rivierre
Presse à liage automatique (1910)

En 1910 la première presse française à liage automatique sort des ateliers. En effet, jusque-là, ce sont des hommes qui lient la paille derrière les batteuses, exposés à la poussière des machines. C’est une avancée considérable dans le monde du machinisme agricole.

Après la Première Guerre Mondiale, en 1922, Éric transforme la société. C’est la création de la « Société Anonyme des Etablissements Rivierre-Casalis ».  Le capital est de 900 000 francs, divisé en 1800 actions de 500 francs chacune. Éric, très énergique et perspicace donne à la société une grande impulsion. C’est à bicyclette qu’à travers la Beauce il prospecte les clients dont certains deviennent actionnaires de la société. Désiré Rivierre en est nommé Président d’honneur de la société, il décède en 1925 à l’âge de 88 ans.

Eric Rivierre, d’une personnalité ambitieuse et exigeante se montre toutefois généreux avec ses salariés. C’est l’ère du paternalisme industriel comme dans beaucoup d’entreprises de l’époque.

Au cours des années 1920, la fabrication de batteuses et locomobiles est abandonnée pour ne se consacrer qu’aux presses. Celles-ci équipées de noueurs Mc Cormick ou Puzenat se forgent une excellente réputation, ceci permet à la société de passer le cap de la crise de 1930.

Eric Rivierre (1886 – 1962)

Dans les années 1930, la société propose une gamme de 5 types de presses déclinées en plusieurs largeurs de canal, pouvant être équipées d’un ou deux noueurs.

Type A (1930)
Type F au travail en Normandie
Type A au travail dans les Hautes Pyrénées
Type R (1932)
Publicité (1930)

La société est répartie en quatre sites dans Orléans :

  • Usine principale, 21, 23 et 25 rue de Coulmiers
  • Usine annexe 17,19 et 21 boulevard de Châteaudun
  • Magasins, 104 rue des Murlins
  • Magasins, 9 rue basse d’Ingré 

Pour l’année 1939, l’effectif est de 140 ouvriers avec une production de 800 presses.

En juin 1940, face à l’avancée des troupes allemandes, l’ordre est donné de se replier au sud de la Loire. Un exil qui dure une dizaine de jours chez un client des Deux-Sèvres.  L’usine d’Orléans ne reprend son activité qu’à partir de juillet, au ralenti. Le restant de l’année est consacré à l’adaptation de l’industrie au régime de guerre. Les ventes de machines neuves s’effondrent.

L’objectif premier d’Éric Rivierre est de conserver l’activité de ses salariés et leur revenu, ainsi que le service aux clients. Pour les ouvriers prisonniers en Allemagne, ils font des colis de vêtements et provisions et donnent de l’argent aux familles.

Disposant ainsi d’un stock important de matières premières, la société reconditionne des anciennes machines Rivierre ou autres. Le carburant manquant, les anciennes locomobiles reprennent du service. Sont également fabriqués des gazogènes, des concasseurs à charbons de bois ou des chariots pour moteurs électriques. A partir de 1941, la ficelle sisal (importée d’Amérique) devenant introuvable, la société étudie le remplacement de celle-ci par un petit câble d’acier qui sera hélas sans suite. En 1943, 40 ouvriers sont envoyés au Service du travail obligatoire (STO), perturbant fortement l’organisation. Il est remarquable de constater le sang-froid que l’ensemble de la société conserve pendant cette période où s’enchaînent restrictions et désorganisations.

En mai 1944, la ville d’Orléans est sévèrement touchée par les bombardement Alliés. Le 19 mai, le bâtiment de la rue des Murlins est quasiment détruit. Dans la nuit du 23 mai, quatre ateliers de la rue de Coulmiers avec quatorze machines-outils sont détruits. Les dégâts sont importants pour la société.

Après la Libération, la direction choisit de prendre son destin en main, n’attendant pas les directives du gouvernement et relance à ses risques la production. Les années d’Après-Guerre restent toutefois assez délicates pour l’entreprise.

L’usine de la rue de Coulmiers après le bombardement de 1944

2. L’embellie (1947 – 1972)

En 1947, la société n’est pas autorisée à reconstruire sur son site de la rue de Coulmiers. L’Etat a pour projet de faire une nouvelle zone industrielle au nord de la ville sur la commune de Fleury les Aubrais. Ces terrains situés à proximité de la RN20 et du nœud ferroviaire de la gare des Aubrais complètement détruits pendant la guerre, offrent les conditions idéales pour une nouvelle zone. La société se voit attribuer un terrain puis un embranchement SNCF.

La production de presses à poste fixe ayant repris, celles-ci sont désormais équipée de pneumatiques. Facilitant le transport en particulier pour les entrepreneurs se déplaçant de fermes en fermes.

Le tracteur s’impose de plus en plus dans les fermes, aidé largement par le plan Marshall. Cela signera l’arrivée d’une nouvelle machine chez Rivierre : la presse ramasseuse. Cette machine rencontre un succès immédiat. Lancée en série à partir de 1952, elle est déclinée en 4 versions répondant ainsi à toutes les exigences, entraînée par prise de force ou moteur thermique et tractée par un tracteur ou un animal. Montée sur trois roues, munie d’un ramasseur à chaines puis à dents et d’un système de pressage similaire aux presses à poste fixe, elle répond aux attentes des agriculteurs français. Le timon est accroché à la troisième roue pour le transport. La machine peut également être utilisée derrière une batteuse à poste fixe.

Presse ramasseuse au travail avec un tracteur Deutz
Presse ramasseuse au travail avec un tracteur Ferguson
Presse ramasseuse en poste fixe
Presse ramasseuse au travail avec un cheval

La nouvelle usine de Fleury les Aubrais construite par Bouygues est inaugurée en 1954.  L’usine de la rue de Coulmiers sera détruite par la suite. Le terrain est aujourd’hui occupé par le collège Dunois.

 A partir du milieu des années 1950 les moissonneuses batteuses remplacent les batteuses fixes, gain de temps, de passages et de main d’œuvre. Rivierre-Casalis met au point deux presses adaptables sur les moissonneuses batteuses. On retrouve ce montage notamment chez Braud, Société Française Vierzon, Dhotel ou Clayson. Certaines seront montées avec des roues folles, soulageant l’arrière de la moissonneuse.

Presse TP sur moissonneuse Vierzon MBT 210
Presse TP sur moissonneuse automotrice

En 1955 sort la 25 000ème machine, célébrée par une fête à l’usine. Les presses ramasseuses détrônent ainsi les presses à poste fixe dont la production sera stoppée 5 ans plus tard.

Sortie de la 25 000ème machine (1955)
Eric Rivierre et son épouse Renée dans le hall de l’usine de Fleury (1955)
Presses sur wagons quittant l’usine de Fleury (1958)

Dans la seconde partie des années 1950, face au succès de ses tracteurs, la Régie Renault s’intéresse de plus en plus à la motoculture. Un réseau de vente est mis au point et des accords commerciaux sont signés avec d’autres constructeurs français, offrant aux agriculteurs une gamme complète d’outils. Rivierre-Casalis rejoint ce réseau aux côtés de Braud, Huard ou Kuhn. Désirant toutefois garder son indépendance commerciale, Rivierre Casalis fonde la marque « Aurélis » destinée uniquement au réseau Renault Motoculture.

A la suite du décès de son épouse en 1959, Eric Rivierre se retire progressivement des affaires. Il confie la direction à MM. François Leugueu et Jean Brodeaux, hommes de confiance. Le premier ancien journaliste du monde agricole, appelé quelques années auparavant par Eric Rivierre à le rejoindre, le deuxième étant dans la société depuis 1945.

Rivierre-Casalis aborde les années 60 avec une nouvelle gamme de presses ramasseuses. Conservant le même système de pressage mais abandonnant le système porteur à trois roues. Celles-ci se différencient par leurs châssis. La presse NR à 3 roues sera cependant fabriquée jusqu’en 1965. La GR puis GRA dédiée aux plus petites exploitations suivra quelques temps après.

Presse NRS 2075 (1961)
Presse TRA 2075 (1963)
Presse GR (1963)

1962, la 50 000 ème machine sort des usines de Fleury les Aubrais. C’est cette même année que s’éteint Eric Rivierre après un demi-siècle à la tête de la société. Celle-ci en souffrira profondément. Une plaque à sa mémoire est inaugurée dans l’escalier principal du hall de l’usine de Fleury.

Mais la vie à Orléans continue, et la société s’apprête à aborder un nouveau marché. Depuis la fin de la guerre, la culture du maïs s’implante de plus en plus au nord de la Loire. Rivierre-Casalis désormais bien implantée saisit l’opportunité et développe des machines de récoltes spéciales. Sortent ainsi les CME (cueilleur maïs épanouilleurs) et CMP (cueilleurs maïs portés) pour la récolte d’épis, les CMB (cueilleurs maïs batteur) pour récolte du maïs grain. Également une batteuse pour le maïs en cribs. La gamme maïs est présentée à l’automne 1963 en Beauce, attirant plus d’un millier de visiteurs et curieux. S’ajoute à ça une gamme de cueilleurs adaptables sur moissonneuses batteuses.

Cueilleur maïs épanouilleur avec trémie (1964)
Cueilleur monté sur une moissonneuse Claas Matador (vers 1966)
Cueilleur maïs batteur (1964)

C’est à cette époque qu’est choisi le logo emblématique de la marque, un écrou symbole de la mécanique, allié avec un trèfle pour les fourrages et un épi de maïs.

La société profite pleinement de ce contexte des Trente Glorieuses et compte jusqu’à 1200 employés. Le raccordement SNCF est également bénéfique, facilitant l’arrivée des matières premières. Les machines terminées sortent de l’usine par wagon et sont expédiées dans les quatre coins de France ainsi qu’à l’étranger. Des filiales sont créées comme en Espagne ou en Allemagne.

Montage des presses (1964)
Magasin des machines terminées (1964)
Presse Rivierre Casalis et tracteur Renault (1965)
Affiche publicitaire (1964)
Hall et bureaux de l’usine de Fleury (1965)

En 1964 est acquise la société Paget – Omnium, spécialisée dans la fabrication de séchoirs agricoles. Rivierre étend ainsi sa gamme. 

A partir du début des années 1960, les presses ramasseuses moyenne densité firent leur apparition. Rivierre aborde ce marché avec les presses à piston oscillant URD (3 roues) et URH (2 roues) reprenant grossièrement la cinématique des basses densités traditionnelles.  Ces machines sont présentées dès 1962. La URH évoluera en DR2050 quelques années après. Ces machines comprime le fourrage sans le couper le préservant au maximum.

Presse URH (1963)
Presse DR2050 (1967)

Toutefois la marque ne s’arrête pas là et étudie un modèle de presse moyenne densité avec piston à course rectiligne muni d’un couteau. La KR45 sort en prototype au début de l’année 1963 et sera rapidement commercialisée. Munie d’un ameneur à deux fourches synchronisées, de noueurs allemands Rasspe, elle connaît le succès. Suivie par la KR40 en 1965 avec un canal plus petit en section, déclinée à son tour en KR junior puis KRJS.

Prototype presse KR (1963)
Presse KR45 (1964)
Presse KR et Renault Master (juin 1965)
Presse KR40 à l’usine (décembre 1965)

Face au succès des machines à maïs, la société décide du développement d’une machine automotrice pour la récolte du maïs. En effet la majorité des moissonneuses batteuses de cette époque étaient de conception basique héritées des batteuses d’antan. C’est ainsi que naît le projet ABM (automoteur batteur maïs) avec un cueilleur à trois ou quatre rangs et une batteuse à flux longitudinal, muni de grandes grilles avec nettoyage par ventilateur. Un concept quasi-révolutionnaire pour l’époque. Il faudra attendre 10 ans avec la sortie de l’Axiale Flow pour revoir un tel système en moissonneuses batteuses.

Prototype ABM (1966)
Prototype ABM (1966)
ABM au travail (1969)

En 1967, suivant la sortie de l’ABM la couleur des machines passe du gris métal/rouge au jaune abricot/blanc. Cette même année est testée la ER40 une presse moyenne densité destinée aux exploitations familiales. Elle sortira en série l’année suivante.

Prototype presse ER40 (juin 1967)
Essais presse ER40 (été 1967)
Presse ER40 (1968)

L’année 1968 est troublée par les événements de Mai, s’en suivent retards d’approvisionnement et de livraisons.

Rivierre-Casalis comme beaucoup de ses homologues, fait les frais de la crise du machinisme agricole à partir de 1969. Celle-ci s’illustre par un renversement du marché, une chute des ventes de matériels. La plupart des exploitations agricoles étant désormais mécanisées, le besoin est moins important.

C’est toutefois à cette époque que sortent les premières ensileuses. Rivierre Casalis spécialiste de la récolte des fourrages et du maïs doit suivre également cette technique nouvelle qui s’étendra pendant les deux décennies à venir.

Le temps des presse basse densité arrivant à sa fin, les appareils à maïs restant des machines assez spéciales avec des ventes relativement limitées, l’avenir semble un peu plus incertain pour la société…

Ensileuse portée HP280 (1970)
Ensileuse trainée H500 (1970)

3. Les années Borderie (1973 -1978)

La crise entraîna un stock important, difficile à financer. La société solicite des crédits importants. La situation financière inquiète les banques. Celles-ci demandent au conseil d’administration de réintégrer un membre de la famille pour relancer l’affaire. Ce sera Antoine Borderie, l’époux de Joëlle la petite fille d’Éric Rivierre, qui entre au conseil d’administration en 1972.

Originaire d’Auvergne, exerçant sa profession de médecin ORL en région Parisienne, c’est un homme passionné de mécanique qui n’a rien oublié de ses origines agricoles. Pendant un an, il participe à chaque conseil d’administration et s’intéresse de plus en plus à la société.

Pendant près d’une année, Antoine Borderie fait les allers retours entre son cabinet médical en région parisienne et l’usine de Fleury les Aubrais où il s’investit de plus en plus. Il fait le choix de renoncer à sa carrière médicale et rentre à Orléans en 1974. Quelques années après, comme un signe du destin, il s’installera avec son épouse dans la maison familiale de la rue de Coulmiers.

L’année 1973 voit la sortie de plusieurs machines et un logo plus simplifié. Un nouveau boitier et un nouveau ramasseur équipent désormais les presses moyennes densité. La ER40 est revisitée, équipée d’un nouvel ameneur entre autres, les premiers modèles porteront la dénomination ER40C. La KR40TS prend le relais de la KR40. Les KR48 puis KR49 remplacent la KR45 à partir de l’année suivante. Cette nouvelle gamme peut ramasser de 10 à 20 tonnes à l’heure selon les modèles.

Presse ER40 nouveau modèle (1975)
Presse KR40TS (1973)
Logo (1973 – 1981)
Presse KR49G (1975)

Deux broyeurs les B150 et 230 sont lancés, également les broyeurs sous cueilleurs à maïs. Ainsi que des vis à grain, des semoirs monograines type Aéromatic et des nouveaux modèles de séchoirs. Des accords sont passés avec l’allemand Beinlich pour des enrouleurs d’irrigation. La marque propose une gamme maïs complète « du semoir au séchoir ». La H500A, une ensileuse automotrice est également proposée au catalogue.

Broyeur B150 (1973)
Enrouleur « Programm 2000 » (1976)
Semoir Aéromatic (1975)
Ensileuse H500A (1974)
Sechoir à gaz SM1700 (1975)

Antoine Borderie (1932-1994) dans le hall de l’usine de Fleury les Aubrais

Reprenant la suite de MM. Legueu et Brodeaux dont l’âge avançant, Antoine Borderie apporte du renouveau par :

  • Une réorganisation de la gestion de la société
  • Une rationalisation des fabrications
  • Un important programme de recherche et de développement
  • Une action commerciale très dynamique en France  
  • Une extension des efforts à l’exportation

Ces efforts seront bénéfiques et Rivierre-Casalis aborde une spectaculaire remontée à partir de 1975.

En 1976, des accords commerciaux sont passés avec la Pologne, qui acheta des dizaines d’automoteurs ABM. Les presses sont également vendues dans d’autres pays d’Europe comme en Scandinavie. A la demande de la Pologne, la marque importe quelques moissonneuses batteuses de marque Bizon. Cela restera sans suite, ces machines ne donnant pas les résultats attendus surtout en maïs. Rivierre-Casalis importe toutefois des épandeurs de fumier de fabrication polonaise et les vends sous sa marque. Elle importera des récolteuses à fléaux de fabrication danoise pour le fourrage vert.

L’année 1977 marque la sortie des premières presses à balles cylindriques RC120 et 150. Une technique nouvelle qui s’imposera définitivement dans la décennie à venir. La gamme des presses moyennes densités est complétée par les RC42, ER45 et KR50G.

Presse à balles cylindriques RC150 (1977)
Presse KR50G (1976)
Presse RC42 (1978)

La marque comprend une gamme de 10 presses (dont 2 cylindriques), 5 ensileuses portées et trainées et automotrices, 1 épandeur à fumier, 2 broyeurs, 2 automoteurs de récolte de maïs grain, 3 cueilleurs à maïs et 3 broyeurs sous cueilleurs, 1 enrouleurs d’irrigation, 2 modèles de séchoirs et de vis à grain

A cette époque l’usine de Fleury les Aubrais s’étend sur 8 hectares (dont 5 de couverts) et compte 700 employés. 15 000 tonnes d’acier et de fonte sont traitées chaque année avec une production annuelle de 7 à 8 000 machines dont 30 à 40% destinés à l’exportation. Représentée par 280 concessionnaires en France et importée dans 40 pays à travers le monde, Rivierre-Casalis compte parmi les premiers vendeurs de presses ramasseuses et occupe la première place des ventes pour les ensileuses trainées.

4. Les années Renault (1978 -1987)

La Régie Renault, au sein de sa division matériel agricole (DMA) souhaite étendre sa gamme pour faire face aux concurrents en particulier nord-américains qui disposent de gammes complètes.

Rivierre-Casalis, désormais en bonne voie grâce à Antoine Borderie intéresse beaucoup Renault. Les responsables s’entretiennent et la Régie fait une proposition pour l’achat de la société. Antoine Borderie ne désirant pas vendre doit toutefois réunir le conseil d’administration, composé de membre de la famille et d’actionnaires. Par le biais d’un vote ceux-ci acceptent la proposition faite par Renault, remerciant Antoine Borderie pour les efforts effectués mais restant hésitants par rapport à l’avenir du machinisme agricole.

La marque et les fabrications sont vendues en juillet 1978. Rivierre-Casalis conserve toutefois son identité propre. Tous espèrent que cette collaboration portera ses fruits continuant le développement de nouveaux produits. A la demande de Renault, Antoine Borderie conserve ses responsabilités au sein de la société. Cependant des divergences apparaissent et il quitte son poste à la fin de l’année 1978.

L’usine de Fleury reste toutefois propriété de la SA Rivierre et la loue à Rivierre-Casalis – Renault. Antoine Borderie est président de cette société et continue à participer aux conseils d’administration de Rivierre-Casalis.

Tracteur Renault et presse Renault Rivierre dans le Leicestershire (Angleterre) vers 1980.

Les années 1979 -1980 sont cependant plus difficiles au niveau des ventes, la moyenne densité ayant désormais connu son apogée.

Dans la gamme maïs, ABM, cueilleurs, semoirs, enrouleurs et séchoirs seront abandonnés. Il ne reste que les ensileuses et les broyeurs de paille. Renault souhaite donner la priorité aux presses.

En 1981 suite à l’arrivée de la série de tracteurs TX chez Renault, les machines Rivierre sont revues par le designer Jean-Paul Manceau. Les mots d’ordre sont désormais esthétiques et sécurité vis-à-vis des organes. La couleur passe au gris anthracite et jaune « Renault ». Le logo est également revu et simplifié.

Logo (1981 – 1988)
Presse RC456 (1982)

Au début des années 1980 la haute densité fait son apparition, Rivierre-Casalis importe le modèle HP1600 du néerlandais Vicon. Mais à partir de 1981, le bureau d’études travaille sur la conception d’une presse haute densité RC. Le Big Baler RC8080 avec un canal de 80×80 est adapté aux récoltes européennes comparé aux machines américaines. Elle reçoit une médaille d’argent au SIMA 1986. La gamme des presses à balles cylindriques s’est agrandie répondant aussi aux exigences du marché. Un chargeur pour balles cylindriques, le RC3 est également mis au point. Cette période est un tournant de l’agriculture en France, les petites fermes familiales remplacées par des exploitations agricoles de plus en plus importantes.

Presse RC125 (1986)
Presse RC94 (1984)
Presse Bigbaler RC8080 (1985)
Chargeur RC3 (1983)

Des accords commerciaux sont passés avec le néerlandais Vicon en 1982 puis avec l’allemand Mengele pour les ensileuses et auto-chargeuses à fourrages. Les machines Rivierre-Casalis seront distribuées sous ces marques.

Ensileuse RC250 (1985)
Desileuse RC1800 (1984)
Autochargeuse RC3200D (1983)
Ensileuse RC275 (1985)

Les années 80 restent marquées par la crise du machinisme agricole, Rivierre-Casalis en fera largement les frais. Des activités de sous-traitance ont été mises en place, fabricant des pièces de tôlerie pour Renault ou Caterpillar.

5. Depuis 1987, de Vicon à la place Rivierre Casalis

Au début de 1987 Renault fait savoir secrètement son intention de céder Rivierre-Casalis, alors que celle-ci vient de fêter son centenaire. Après d’importantes vagues de licenciement, l’effectif est de 150 personnes.

Au même moment la société Nodet Gougis grand nom des semis français, basée à Montereau (77) dépose le bilan. La SA Rivierre imagine un éventuel projet pour Rivierre Casalis et Nodet Gougis qui intéresse le Ministère de l’Industrie.

Mais Renault précipite les choses et cède Rivierre-Casalis en juillet 1987 à Vicon, membre du groupe Allemand Thyssen.

Sans Rivierre-Casalis le projet avec Nodet Gougis perd sa cohérence. Le tribunal de Melun annonce le mois suivant qu’un investisseur prend possession de Nodet Gougis, qui sera reprise par Kuhn en 1996.

La direction de Vicon décida de transférer la production à Saint Jean de Braye, délaissant le site historique de Fleury les Aubrais devenu trop grand.

1990 voit la création de Greenland qui regroupe Vicon, Deutz-Fahr, Rivierre-Casalis et PZ membre du groupe allemand Thyssen Bornemisza.

Presse RC126 (1992)

L’année 1991 marque le glas des presses orléanaises. Greenland annonce la suppression de 73 emplois sur les 196 que compte Rivierre-Casalis, ainsi que le transfert de la fabrication de certaines presses vers l’usine de Gottmadingen en Allemagne (ex-usine Fahr). Les machines désormais rouge et gris ne portent qu’un simple marquage Rivierre rappelant leurs origines. Les autres productions de presses sont transférées à Geldrop (Pays-Bas).

La marque Greenland sera reprise par le norvégien Kverneland en 1998. Le nom Rivierre disparaît des machines à la veille de l’an 2000.

En 2008, Vicon Kverneland cède sa partie presses à Kuhn. Les presses Kuhn sont ainsi les héritières des Rivierre-Casalis françaises.

Le site de Saint Jean de Braye est de 1987 à 2021 le siège de la filiale France de Vicon puis de Kverneland. Un nouveau site construit à Marigny les Usages est inauguré en 2021, siège français des sociétés Vicon, Kverneland et Kubota.

La société Rivierre SA après la vente de Rivierre-Casalis, dirigée par Antoine Borderie investit dans les eaux minérales de Chambon (45). Elles sont développées grâce au creusement d’un nouveau forage. Antoine Borderie les dirige jusqu’à son décès en 1994. Par la suite, son épouse vend les biens de la société et les anciens bâtiments de Fleury les Aubrais désaffectés. Divisée en plusieurs parties, l’usine est détruite en grande partie au cours des années 2000 et 2010. La métropole d’Orléans souhaite y aménager un nouveau écoquartier. Subsistent des armatures métalliques des anciens bâtiments désormais réaménagés en restaurant, salle de sport ou magasins, entourés par le boulevard circulaire Eric Rivierre inauguré dans les années 2000. Ce quartier nommé « Interives » est un modèle de reconversion d’anciens espaces industriels en quartiers du XXIème siècle.

La place Rivierre Casalis est inaugurée en 2022. Une œuvre d’art et des panneaux rappellent l’histoire des lieux

Démolition de l’usine (2010)
Plaque du boulevard Eric Rivierre à Fleury les Aubrais
Oeuvre place Rivierre Casalis (2022)

Place Rivierre Casalis, Novembre 2022, d’une génération à l’autre

Joëlle Borderie petite fille d’Eric Rivierre et épouse d’Antoine Borderie accompagnée par Adrian Theurez, marquant la transmission de l’histoire de Rivierre-Casalis.

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