Rivierre Casalis

1. Les débuts (1886-1946)

C’est en 1837 à Guillonville (28) dans une famille de paysans beaucerons que naît Désiré Rivierre.

A cette époque sous la monarchie de Juillet, la France est essentiellement un pays rural. La Révolution industrielle qui bat son plein Outre-Manche n’est qu’à ses débuts dans l’Hexagone. N’étant pas l’aîné, il ne peut reprendre l’exploitation familiale et part pour Orléans.

Il est engagé à la société Jules Cumming qui est une des premières grandes fabriques de machines agricoles en France. Fondée en 1845 et basée Place Saint Laurent à Orléans. Elle prospéra sous le Second Empire.  Désiré y gravit tous les échelons et en devient directeur dans les années 1880.

En 1886, il quitte Cumming et crée sa propre société qu’il installe à côté de sa maison au 25 rue de Coulmiers

En Beauce voisine la demande de machines agricoles est importante, il se spécialise dans la construction de locomobiles, batteuses et presses à paille. Fort de l’expérience acquise chez Cumming, il sait vite faire croitre son entreprise. Il y associe le nom de famille de sa femme Aline Casalis (1846-1915). Les machines portent donc le nom Rivierre & Casalis. Ce sont des locomobiles, batteuses, moteurs à gaz ou pétrole ou encore des râteaux ou des scies circulaires qui quittent les ateliers de la rue de Coulmiers.

Nommé Chevalier du mérite Agricole en 1894, Officier en 1906 puis Membre du jury des concours Nationaux et des Expositions, il est également membre du conseil municipal d’Orléans entre 1890 et 1911.

En 1909, Désiré Rivierre âgé de 72 ans souhaite se séparer de son affaire. Aucun de ses dix enfants ne semble intéressé. Il fait appel à un de ses fils Éric (né en 1886 l’année de la création de l’entreprise) pour négocier la vente. Orienté vers une profession libérale après des études de Droit à Paris, Éric rentre à Orléans et s’attache très vite à l’affaire familiale se considèrant ainsi comme le premier serviteur de la maison.

« Je suis entré dans cette maison en 1909 pour aider mon père à la liquider. Nous n’y sommes pas parvenus parce que nous l’aimions trop »
Eric Rivierre
Presse à liage automatique (1910)

En 1910 la première presse française à liage automatique sort des ateliers.
En effet, jusque-là, ce sont des hommes qui lient la paille derrière les batteuses, exposés à la poussière des machines. C’est une avancée considérable dans le monde du machinisme agricole.

1922, l'entreprise familiale devient la "Société Anonyme des Ets Rivierre-Casalis"

Après la Première Guerre Mondiale, Eric Rivierre transforme la société. Le capital est de 900 000 francs, divisé en 1800 actions de 500 francs chacune. Éric, très énergique et perspicace donne à la société une grande impulsion. C’est à bicyclette qu’à travers la Beauce il prospecte les clients dont certains deviennent actionnaires de la société. Désiré Rivierre en est nommé Président d’honneur de la société, il décède en 1925 à l’âge de 88 ans.

Eric Rivierre, d’une personnalité ambitieuse et exigeante se montre toutefois généreux avec ses salariés. C’est l’ère du paternalisme industriel comme dans beaucoup d’entreprises de l’époque.

Eric Rivierre (1886 - 1962)

Au cours des années 1920, la fabrication de batteuses et locomobiles est abandonnée pour ne se consacrer qu’aux presses. Celles-ci équipées de noueurs Mc Cormick ou Puzenat se forgent une excellente réputation, ceci permet à la société de passer le cap de la crise de 1930.

Dans les années 1930, la société propose une gamme de 5 types de presses déclinées en plusieurs largeurs de canal, pouvant être équipées d’un ou deux noueurs

Publicité (1930)
Publicité (1935)

La société est répartie en quatre sites dans Orléans :

  • Usine principale, 21, 23 et 25 rue de Coulmiers
  • Usine annexe 17,19 et 21 boulevard de Châteaudun
  • Magasins, 104 rue des Murlins
  • Magasins, 9 rue basse d’Ingré 

Pour l’année 1939, l’effectif est de 140 ouvriers avec une production de 800 presses.

Publicité (1937)

Les années sombres de la guerre

En juin 1940, face à l’avancée des troupes allemandes, l’ordre est donné de se replier au sud de la Loire. Un exil qui dure une dizaine de jours chez un client des Deux-Sèvres.  L’usine d’Orléans ne reprend son activité qu’à partir de juillet, au ralenti. Le restant de l’année est consacré à l’adaptation de l’industrie au régime de guerre. Les ventes de machines neuves s’effondrent.

L’objectif premier d’Éric Rivierre est de conserver l’activité de ses salariés et leur revenu, ainsi que le service aux clients. Pour les ouvriers prisonniers en Allemagne, ils font des colis de vêtements et provisions et donnent de l’argent aux familles.

Disposant ainsi d’un stock important de matières premières, la société reconditionne des anciennes machines Rivierre ou autres. Le carburant manquant, les anciennes locomobiles reprennent du service. Sont également fabriqués des gazogènes, des concasseurs à charbons de bois ou des chariots pour moteurs électriques. A partir de 1941, la ficelle sisal (importée d’Amérique) devenant introuvable, la société étudie le remplacement de celle-ci par un petit câble d’acier qui sera hélas sans suite. En 1943, 40 ouvriers sont envoyés au Service du travail obligatoire (STO), perturbant fortement l’organisation. Il est remarquable de constater le sang-froid que l’ensemble de la société conserve pendant cette période où s’enchaînent restrictions et désorganisations.

En mai 1944, la ville d’Orléans est sévèrement touchée par les bombardement Alliés. Le 19 mai, le bâtiment de la rue des Murlins est quasiment détruit. Dans la nuit du 23 mai, quatre ateliers de la rue de Coulmiers avec quatorze machines-outils sont détruits. Les dégâts sont importants pour la société.

Après la Libération, la direction choisit de prendre son destin en main, n’attendant pas les directives du gouvernement et relance à ses risques la production. Les années d’Après-Guerre restent toutefois assez délicates pour l’entreprise.

L’usine de la rue de Coulmiers après le bombardement de 1944

Partie 2 : L’embellie (1947 – 1972)

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