Rivierre Casalis

5. Depuis 1987, de Vicon à la place Rivierre Casalis

L’issue de la crise

Au début de 1987 Renault fait savoir secrètement son intention de céder Rivierre-Casalis alors que celle-ci a fêté son centenaire quelques mois auparavant. L’effectif passe de 383 personnes fin 1986 à 150 à la rentrée 1987, soit une diminution de 60%. Licenciements, pourparlers avec les syndicats (intervention du préfet du Loiret auprès de Jacques Chirac, premier ministre) ne résoudront pas les soucis de cette crise sans précèdent. De plus la direction de Renault prévoit sa privatisation et décide de centrer sur ses principales productions.

Au même moment la société Nodet Gougis grand nom des semis français, basée à Montereau (77) dépose le bilan. La SA Rivierre imagine alors un éventuel projet pour Rivierre Casalis et Nodet Gougis qui intéresse le Ministère de l’Industrie.

 

Mais Renault précipite les choses et cède Rivierre-Casalis en juillet 1987 à Vicon, membre du groupe Allemand Thyssen.

Article La République du Centre - Août 1987

Sans Rivierre-Casalis le projet avec Nodet Gougis perd sa cohérence. Le tribunal de Melun annonce le mois suivant qu’un investisseur prend possession de Nodet Gougis, qui sera reprise par Kuhn en 1996.

Gilbert Guez, directeur de Renault Agriculture justifiera ce choix de restructuration sur le plateau du journal d’Antenne 2, le 3 mars 1988.

De Fleury les Aubrais à Saint Jean de Braye

 

La direction de Vicon décida de transférer la production à Saint Jean de Braye, délaissant le site historique de Fleury les Aubrais devenu trop grand.

 

Article La République du Centre - Novembre 1987

Les machines-outils et une grande partie de l’équipement seront vendus lors d’une vente aux enchères le 13 janvier 1988.

Les presses haute densité et cylindriques deviennent les seules fabrications, marquant l’arrêt de la production des moyenne densité et la commercialisation des ensileuses et autres produits.

1990 voit la création de Greenland qui regroupe Vicon, Deutz-Fahr, Rivierre-Casalis et PZ, membre du groupe allemand Thyssen Bornemisza.

L’année 1991 marque le début du glas des presses orléanaises. Greenland annonce la suppression de 73 emplois sur les 196 que compte Rivierre-Casalis, ainsi que le transfert de la fabrication de certaines presses vers l’usine de Gottmadingen en Allemagne (ex-usine Fahr). Les machines désormais rouge et gris ne portent qu’un simple marquage Rivierre rappelant leurs origines. Les autres productions de presses sont transférées à Geldrop (Pays-Bas).

La gamme de presses haute densité est agrandie avec de nouvelles sections de canal.

Presse Greenland 8080 Entreprise (1995)
Presse Greenland RV126 (1993)

La fin d’un siècle d’histoire

La marque Greenland sera reprise par le norvégien Kverneland en 1998. Le nom Rivierre disparaît des machines à la veille de l’an 2000.

En 2001, les dernières presses quittent la région d’Orléans, Kverneland cesse la production en France, refermant ainsi près d’un siècle d’histoire.

2008, Vicon-Kverneland cède sa partie presses à Kuhn. Les presses Kuhn sont ainsi les héritières des Rivierre-Casalis françaises.

Le site de Saint Jean de Braye est de 1987 à 2021 le siège de la filiale France de Vicon puis de Kverneland. Un nouveau site construit à Marigny les Usages est inauguré en 2021, désormais siège français des sociétés Vicon, Kverneland et Kubota.

Renault Agriculture sera quant à elle cédée à l’allemand Claas en 2003. Le groupe choisit de garder seulement les camions et les voitures.

Un écoquartier à la place de l’ancienne usine

La société Rivierre SA après la vente de Rivierre-Casalis, dirigée par Antoine Borderie investit dans les eaux minérales de Chambon (45). Elles sont développées grâce au creusement d’un nouveau forage. Antoine Borderie les dirige jusqu’à son décès en 1994. Par la suite, son épouse vend les biens de la société et les anciens bâtiments de Fleury les Aubrais désaffectés. La zone Dessaux étant devenue une zone commerciale. Divisée en plusieurs parties, l’usine est détruite en grande partie au cours des années 2000 et 2010. La métropole d’Orléans souhaite y aménager un nouvel écoquartier. Subsistent des armatures métalliques des anciens bâtiments désormais réaménagés en restaurant, salle de sport ou magasins, entourés par le boulevard circulaire Eric Rivierre inauguré dans les années 2000. Ce quartier nommé « Interives » est un modèle de reconversion d’anciens espaces industriels en quartiers du XXIème siècle.

La place Rivierre Casalis est inaugurée en 2022. Une œuvre d’art et des panneaux rappellent l’histoire des lieux. Le restaurant Le Cot’s ouvert en 2022 est décoré de photos d’archives Rivierre-Casalis.

Des machines toujours à l’action et une mémoire qui perdure

Aujourd’hui de nombreuses machines Rivierre-Casalis restent en fonctionnement dans des fermes, chez des particuliers ou collectionneurs témoignant d’une robustesse et d’un savoir-faire français.

Une page Facebook, Rivierre-Casalis fan et usagers/gebruickers est crée en 2022, permet l’échange de photos, conseils entre passionnés et collectionneurs. Ce groupe compte aujourd’hui près de 2000 membres. Des documents numérisés peuvent être désormais envoyés sur simple demande.

C’est ainsi qu’est venue l’idée de ce site, développé en étroite collaboration avec J. Borderie et des anciens salariés. Retraçant cette formidable histoire de la société et de ses machines, témoignant d’un siècle de savoir-faire technique et agricole à Orléans. 

Quelques clichés de la communauté Facebook !

Place Rivierre Casalis, Novembre 2022, d’une génération à l’autre

Joëlle Borderie petite fille d’Eric Rivierre et épouse d’Antoine Borderie accompagnée par Adrian Theurez, marquant la transmission de l’histoire de Rivierre-Casalis.

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