4. Les années Renault (1978 -1987)
La Régie Renault, au sein de sa division matériel agricole (DMA) souhaite étendre sa gamme pour faire face aux concurrents en particulier nord-américains qui disposent de gammes complètes. Elle pense notamment à fusionner avec Braud et Rivierre-Casalis, ce que Braud refusera.
Le rapprochement entre le losange et l’écrou
Rivierre-Casalis, désormais en bonne voie grâce à Antoine Borderie intéresse beaucoup Renault. Les responsables s’entretiennent et la Régie fait une proposition pour l’achat de la société. Antoine Borderie ne désirant pas vendre doit toutefois réunir le conseil d’administration de la SA Rivierre, composé de membre de la famille et d’actionnaires. Par le biais d’un vote ceux-ci acceptent la proposition faite par Renault, remerciant Antoine Borderie pour les efforts effectués mais restant hésitants par rapport à l’avenir du machinisme agricole.
La marque et les fabrications sont vendues en juillet 1978. Rivierre-Casalis devient à 71% une filiale Renault mais conserve toutefois son identité propre. Tous espèrent que cette collaboration portera ses fruits continuant le développement de nouveaux produits. A la demande de Renault, Antoine Borderie conserve ses responsabilités au sein de la société. Cependant des divergences apparaissent et il quitte son poste à la fin de l’année 1978 et sera remplacé par M. Abonnat, ancien directeur industriel Renault.
La SA Rivierre détenant les 29 % restant de Rivierre-Casalis, reste propriétaire de l’usine de Fleury et la loue à Rivierre-Casalis – Renault. Antoine Borderie continue à participer aux conseils d’administration.
La gamme des presses moyennes densités est agrandie avec les RC45 et RC46. Les machines sortent des usines de Fleury aux couleurs Rivierre-Casalis et aux couleurs Renault sous une numérotation différente.
La production se centre sur les presses
Renault Motoculture devient Renault Agriculture en 1980. Dans la gamme maïs, ABM, cueilleurs, semoirs, enrouleurs et séchoirs seront abandonnés. Il ne reste que les ensileuses et les broyeurs de paille. Renault souhaite donner la priorité aux presses.
Nouveau design
En 1981 à la suite de l’arrivée de la série de tracteurs TX chez Renault, les machines Rivierre sont revues par le designer Jean-Paul Manceau. Un prototype de presse « nouveau design » est fabriqué mais ne sera pas lancé en série, faute de moyens.
Les mots d’ordre sont désormais esthétiques et sécurité vis-à-vis des organes. La couleur passe au gris anthracite et jaune « Renault ».
Le logo a été épuré : l’écrou se transforme en un simple hexagone, pivoté d’un quart de tour, avec des formes qui évoquent davantage la France qu’un écrou.
Les années 1981-1982 sont assez critiques au niveau des ventes, la moyenne densité ayant désormais connu son apogée. En 1983 les chiffres reviennent à la normal, Renault rachète à la SA Rivierre les 29% des parts restant de Rivierre-Casalis.
Un marché en pleine évolution
La gamme des presses à balles cylindriques est agrandie et modernisée répondant ainsi aux exigences du marché, désormais équipées pour la plupart d’un boitier de commande électrique. Testées dans toutes les conditions elles savent se démarquer dans certaines cultures comme le lin ou le chanvre. Un chargeur frontal pour balles cylindriques le RC3 est également proposé.
Une presse haute densité adaptée aux conditions européennes
Au début des années 1980 la haute densité fait son apparition, la marque importe le modèle HP1600 du néerlandais Vicon, qui n’aura pas le succès voulu. Mais à partir de 1983, le bureau d’études travaille sur la conception d’une presse haute densité Rivierre-Casalis. Un modèle adapté aux exploitations et récoltes européennes avec un canal 80×80. Un prototype est fabriqué et essayé dans le Gâtinais près de Montargis, puis dans d’autres conditions dans diverses régions. La RC8080 sort en 1985 et reçoit une médalle d’argent au SIMA 1986. Rivierre-Casalis fait partie des premiers constructeurs européens à avoir introduit le principe de la haute densité.
Des accords avec d’autres constructeurs
Des accords commerciaux sont passés avec le néerlandais Vicon en 1982. En effet à la suite de la réorganisation du réseau, et de Kuhn qui cherche à prendre son indépendance vis-à vis du losange. Renault-Rivierre cherche à offrir une gamme fourrage complète à leurs clients, allant de la faucheuse à la presse. C’est ainsi Vicon qui sera choisi et profitant de l’occasion pour davantage s’implanter dans cette catégorie.
D’autres accords avec l’allemand Mengele pour auto-chargeuses à fourrages et les ensileuses, celles-ci remplacent ainsi les machines de fabrication propre.
Les machines Rivierre-Casalis seront distribuées sous ces marques. D’autres appareils sont également vendus aux couleurs de la marque comme des gyrobroyeurs Ferrand ou des désileuses Lecomte.
Un accord est également conclu avec International Harvester à l’époque où celle-ci et Renault tentent un éventuel rapprochement. Le rachat de IH par Case en 1985 mit fin à cette illusion, mais quelques presses aux couleurs Case IH sortent des des usines de Fleury.
Massey Ferguson distribuera également les presses Rivierre-Casalis sous ses couleurs.
Une crise aux graves répercussions
Les années 80 restent marquées par la crise du machinisme agricole, Rivierre-Casalis en fera largement les frais. Des activités de sous-traitance ont été mises en place, fabricant des pièces de tôlerie pour Renault ou Caterpillar.
Malgré ces efforts de diversification, la société traverse une période de crise très grave. Durant l’été 1985 les salariés seront quelques semaines au chômage. La régie Renault enregistre un déficit de 12.5 milliards de francs, il est important d’agir. Le PDG de Renault, Georges Besse lance un important plan de licenciements qui touchera directement l’usine de Fleury.